Zeïna Daccache, pionnière de la dramathérapie au Liban, utilise le théâtre à des fins thérapeutiques pour donner une voix aux marginaux. Après avoir travaillé avec des détenus dans les prisons de Roumieh et de Baabda, elle s’attaque maintenant à un nouveau projet à Tripoli, réunissant des femmes libanaises et des réfugiées syriennes.

Un Théâtre de Révélation et de Réconciliation

Dans une salle prêtée par le Forum des handicapés de Tripoli, Zeïna Daccache dirige des exercices théâtraux avec une quarantaine de femmes. Ces séances permettent aux participantes d’exprimer des histoires personnelles souvent difficiles à verbaliser. Par exemple, lors d’un exercice, chaque femme écrit un secret sur un papier, qui est ensuite redistribué pour être joué par une autre participante. Ce processus libère la parole et favorise la compréhension mutuelle.

Des Histoires qui Transforment

Les récits partagés au cours de ces séances peuvent parfois choquer la sensibilité des participants, comme celui d’une mère qui, après le grave accident qui a laissé son fils mutilé, avoue qu’elle aurait préféré ne pas avoir eu d’enfants. Ces histoires, permettent d’aborder des sujets tabous et de questionner les normes sociétales. Zeïna Daccache souligne l’importance de ces témoignages pour briser les silences imposés par la société.

Un Parcours de Résilience et de Détermination

Zeïna Daccache a fondé le premier centre de dramathérapie au Proche-Orient, Catharsis, après des études en théâtre et en psychologie clinique. Son projet le plus ambitieux, “12 Angry Lebanese”, a été réalisé au sein de la prison de Roumieh et a abouti à des changements législatifs significatifs au Liban.

Un Art qui Réunit et Transforme

À travers ses projets, Zeïna Daccache cherche à faire entendre la voix des exclus et à favoriser la réconciliation entre communautés divisées. Son travail avec les femmes de Tripoli vise à créer un espace de dialogue entre Libanaises et réfugiées syriennes, loin des tensions politiques.

Les participantes ressortent transformées de ces séances, ayant retrouvé une certaine paix intérieure et une capacité renouvelée à s’exprimer.

Source : Orient XXI